Tentative d’évaluation de la biodiversité du hall :

nouvelles données issues du projet C-dO.

 
Résumé : Nous présentons ici une distribution statistique moyenne de l’abondance de toutes les espèces existantes du Hall lors du 5^ème cycle après Ragnarok. Cette distribution a été établie à partir des données acquises lors du projet C-dO et fournit une première base de réflexion pour l’estimation de la biodiversité actuelle et de l’abondance des monstres du Hall. De plus, nous présentons le parcours moyen effectué par les 4 monstres mythiques au cours d’un mois. Cette observation nous permet d’émettre l’hypothèse que leur déplacement n’est pas aléatoire mais semble répondre à certains impératifs liés à l’extension de leur territoire.

Introduction

 La découverte majeure de nexus de pseudo-dragons et diablotins en grande profondeur (Shogoki, 2005, [1]) fut le point de départ d’une dynamique nouvelle de la recherche en Trollique. Les chercheurs en Trollique comprirent alors qu’ils en savaient très peu sur leur monde à cause d’un manque certain d’observations systématiques et exhaustives du Hall. C’est pourquoi entre le 21^ème jour de la Mouche et le 21^ème jour Dindon du 5^ème cycle après Ragnarok ([Zhom]17/12/2005-14/01/2005[/Zhom]) eut lieu une première grande exploration scientifique menée par les chercheurs en Trollique des ex-Cyclotrolls et ex-Chevaliers teutrolliques. Le but de l’exploration était d’obtenir une vue sub-exhaustive du Hall pendant l’espace d’un mois complet en plaçant un tomawak sur une position stratégique et en boostant sa vue au maximum. Pendant presque un mois, financés en potions et/ou protégés par les nombreux autres participants du projet (Brah-kacés, 101ème aérotrollportée mais aussi Deudam du CCM et Tinain des X-trolls), notre Tomawak Bush Mush Boorhïn, placé en 0 0 -73, allait fournir une vue complète du hall de -145 à +145 en horizontale et de 0 à -146 en verticale. Ce projet fut nommée Clin d’œil ou C-dO et permit une avancée considérable dans quasiment tous les domaines de la recherche en Trollique théorique, expérimentale et appliquée (C-dO Team, 2006, [2]). L’ensemble des données récoltées par la vue de notre Tomawak fut gravé dans la pierre par Toufik à des intervalles réguliers de 3 heures pendant toute la durée du projet fournissant ainsi un set de données de pas moins de 250 fichiers. Malgré la publication d’un volume entier consacré aux résultats du projet C-dO (C-dO Team, 2006, [2]), cette immense base de données reste une mine d’informations intarissable dont l’exploitation ne cesse d’apporter de nouvelles et étonnantes découvertes sur le Hall. Ce manuscrit a pour but de divulguer l’abondance moyenne de toutes les espèces recensées dans le Hall lors du projet C-dO et d’émettre quelques considérations sur le déplacement des 4 mythiques.

Méthodes

Evaluation de la biodiversité hallienne

Les résultats présentés ici correspondent à une moyenne statistique de données acquises par notre Tomawak Bush Mush Boorhïn (45342) pendant le projet C-dO qui s’est déroulé sur une trentaine de jours entre le mois de la Mouche et le mois du Dindon du 5^ème cycle après Ragnarok. Pour une représentation statistique fiable, les moyennes ont été traitées sur une base de données d’un total de 218408 monstres, correspondant à une compilation de 9 sets de données instantanés (Tableau 1). Ces sets de données ont été choisis avec un espacement de 3 jours afin d’éviter de possibles biais d’interactions trolls-monstres d’un jour sur l’autre dans le traitement statistique. De même, afin d’éviter certains biais statistiques liés aux horaires des interactions trolls-monstres, ces fichiers correspondent également à un vaste choix d’horaires (voir Tableau 1). Néanmoins, le lecteur devra prendre en compte que nous n’avons pu éviter les biais des interactions trolls-Crascs lors de ce traitement. En effet, il est important de rappeler que le projet C-dO s’est déroulé très exactement pendant la première grande Chasse aux Crascs qui a conduit à leur extinction temporaire (Gronïk, 2006, [3]). Les données statistiques de répartition des espèces et familles de monstres sont donc biaisées par cette interaction sans précédent dans le hall avec une sous-estimation probable de la proportion des Crascs dans le Hall et une surestimation probable de la proportion des autres espèces. Il en va de même pour le traitement statistique des familles de monstres, avec certainement une légère sous-estimation pour la famille des Monstres à laquelle appartiennent les Crascs et une surestimation probable pour les autres familles. Un autre biais à prendre en compte est l’apparition de 5 nouvelles espèces de monstres entre l’époque du projet C-dO et aujourd’hui. En effet à l’époque, Capitan, Bouj’dla, Flagelleur mental, Cheval à dents de sabre et Essaim cratérien n’étaient pas encore apparus (voir Tableau 2). Ne connaissant pas aujourd’hui l’abondance exacte de ces monstres, non plus que l’abondance actuelle des Crascs, il est difficile d’estimer dans quelle mesure la distribution statistique du Tableau 2 représente une image fidèle de l’actuelle biodiversité du hall. Néanmoins, elle permettra au lecteur de se faire une idée approximative de l’abondance des monstres existants lors du 5^ème cycle après Ragnarok, et fournit une première base de réflexion pour l’estimation de l’abondance actuelle des monstres du Hall.    

Tableau 1 : Fichiers de données utilisés pour les statistiques d'abondance des monstres.

Déplacement des Mythiques

Les positions des 4 mythiques ont été recensés pour les 9 fichiers analysés afin de présenter un parcours « moyen » de chacun d’entre eux sur la quasi-totalité de la durée du projet C-dO. De même, nous présentons les régions occupées par les 4 mythiques pendant toute la durée du projet (Fig. 1).

Résultats

Biodiversité du Hall

Notre évaluation de la biodiversité totale du hall ainsi que l’abondance moyenne de chacune des espèces présentes lors du projet C-dO (Tableau 2) nous permet de fournir une liste des monstres les plus répandus de même que des monstres les plus rares (Tableaux 3a et 3b) :

Tableau 3a : les 15 monstres les plus répandus dans le Hall lors du projet C-dO sur un total de 24000.

Gowaps :                     5012

Gnu :                           1627

Diablotin :                    1467

Pseudo-dragon :          679

Dindon :                       618

Rat :                            450

Goblin :                        443

Kobold :                      388

Phoenix :                      375

Cube gélatineux :          371

Squelette :                    352

Géant des gouffres :     322

Strige :                         312

Essaim sanguinaire :      284

Barghest :                    272

 
Tableau 3b : Les 15 monstres les plus rares du Hall lors du projet C-dO sur un total de 24000.

Balrog :                        1

Beholder :                    1

Hydre :                        1

Liche :              1

Coccicruelle :               1,4

Gobelin magique :        5,6

Sphinx :                       8,9

Foudroyeur :                11,6

Furgolin :                     16,2

Mégacéphale : 16,5

Tutoki :                        22,9

Araignée :                    27,9

Chauve-souris :            29,4

Na-Haniym-Hééé :      33

Ombre :                       34

 
La faible abondance des monstres de petit niveau (Tutoki, Araignée, Chauve-souris) s’explique facilement par la restriction de leur territoire aux niveaux proches de la surface, les monstres de plus haut niveau pouvant occuper un territoire plus étendu en profondeur. 

On remarquera la forte diversité caractéristique de la famille des Monstres. Toutefois, cette famille n’est pas la plus abondante du Hall puisqu’elle ne représente que 19% du total. La famille Animal est la plus abondante (33%) ce qui s’explique aisément par l’appartenance des gowaps à cette famille. Si l’on s’intéresse donc aux monstres non pacifiques, c’est alors la famille des Démons qui est la plus abondante avec 22% du total.

Analyse du territoire et des déplacements des mythiques

En premier lieu, il est notable que lors de la conduite du projet C-dO, la position des mythiques restait dans un intervalle restreint de niveaux souterrains compris entre -55 et -37 (Fig. 1). Cette situation est relativement différente de ce que nous avons connu ces derniers temps, puisqu’au moins pour le Beholder, nous savons que celui-ci est remonté jusqu’à des niveaux souterrains supérieurs à -30 lors de ses pérégrinations dans le village du centre du monde. Certains trolls ont même pu observer (pendant un court instant) une remontée de certains mythiques vers les niveaux proches de la surface. 

Fig. 1 : Territoires occupés par les mythiques pendant la durée du projet C-dO.

 Le déplacement des mythiques lors du projet C-dO représente donc une situation stable, sans événements exceptionnels en ce qui les concerne et avec un minimum d’interactions musclées avec des trolls qui leur a permis de vieillir et de se déplacer à leur gré.

L’Hydre et le Balrog occupent des territoires nettement distincts de part et d’autre du Hall (Fig. 1). Il n’en va pas de même pour la Liche et le Beholder qui occupent tous deux le quadrant Oxhykan-Mydikan et dont les trajectoires se recoupent en XY. On frémit à l’idée que ces deux mythiques se trouvent à moins de 15 cases de distance en horizontal et 5 niveaux souterrains entre les positions 4 et 5 (Fig. 1). La vieille expression « Tomber de Beholder en Liche » pour désigner le fait d’éviter un danger pour tomber sur un pire encore, tire certainement son origine d’une précédente occurrence commune de ces deux mythiques dans la même région du Hall. 

En ce qui concerne leurs déplacements, il apparaît vraisemblable que le Beholder et l’Hydre se déplacent avec une certaine logique. Leur mouvement à long terme semble en effet délimiter un territoire restreint et l’on peut prédire que si nous avions continué à observer leurs déplacements pendant un ou deux mundideys supplémentaires, nous aurions alors observé un retour de ces deux mythiques vers une caverne proche de leur position initiale. Afin de tester cette hypothèse, nous avons recensé leurs positions respectives lors du 1^er jour de la conduite du projet C-dO (notées 0 sur les Figs 2 et 3). Si la position 0 de l’hydre ne nous permet pas de valider cette hypothèse (Fig. 2), celle du Beholder se rapproche en revanche très nettement de la position 9 (Fig. 3).

Fig. 2 : Déplacement de l'Hydre au cours du projet C-dO.

Fig. 3 : Déplacement du Beholder au cours du projet C-dO.

Toutefois, si ces monstres semblent délimiter un territoire lors de leurs déplacements, on notera que pour le Beholder, l’intervalle Oxhykan-Orhykan est limitée à 10 cavernes tandis que celui du Nordhikan-Mydikan s’étend sur 40 cavernes. La probabilité d’occurrence de ce monstre sur son territoire est donc au minimum de 1/400 cavernes par mois. Néanmoins, dans la mesure où l’hypothèse d’une délimitation de territoire se vérifierait, cette probabilité serait considérablement réduite car le Beholder ne serait susceptible d’occuper que les cavernes situées sur le pourtour de ce territoire.

Dans le cas de l’Hydre, la situation est inversée. Celle-ci occupe un intervalle Nordhikan-Mydikan restreint à 13 cavernes tandis que l’intervalle Oxhykan-Orhykan s’étend sur 35 cavernes (Fig. 2) ce qui entraîne une probabilité d’occurrence minimale de 1/455 par mois.

Le comportement de ces deux mythiques semble donc relativement similaire bien que l’extension maximale de leurs délimitations respectives de territoire soit N-M pour le Beholder et O-O pour l’Hydre. On remarquera que ces deux mythiques appartiennent tous deux à la famille des Monstres (Tableau 2). Ce comportement dans leurs déplacements est-il un caractère dérivé de cette famille ? Ce comportement similaire pourrait indiquer que ces deux mythiques ont un lien de parenté proche et qu’ils se sont séparés de leur ancêtre commun moins dégénéré (voir Gronïk, 2005 [4]) par un processus d’éloignement géographique en occupant des territoires distincts. L’orthogonalité de leurs extensions maximales de délimitations de territoires prime également en faveur de cette hypothèse. En effet, cette divergence dans leur comportement aurait pu permettre un éloignement définitif beaucoup plus efficace de deux sous-populations de l’ancêtre commun.

Une analyse de haute résolution des déplacements du Balrog avait déjà été effectuée par Nemrod (in C-dO team, 2006 [5]) à la demande de Dorack sur l’ensemble des fichiers disponibles soit un total de quelques 250 fichiers. Ce dernier avait émis l’hypothèse d’un mouvement « Brownien » du Balrog lié au caractère imprévisible de ce dernier. Notre observation plus espacée ne nous permet pas d’infirmer ou de valider cette hypothèse (Fig. 4). Néanmoins, il serait intéressant de produire une courbe lissée sur 10 déplacements sur la totalité des fichiers disponibles afin de voir si une tendance se dégage de cette importante variabilité. En effet, dans notre analyse, la proximité des positions 1 et 9 est troublante. Il semble que le Balrog soit revenu près de sa position de départ en l’espace de 27 jours. Mais pendant son déplacement, il semble qu’il soit également revenu proche de certaines de ses positions antérieures : ainsi entre les positions 4 et 5, soit en une durée approximative de 13 jours, il repasse également près de la position 1 (Fig. 4). Il est possible que le Balrog revienne de manière pseudo-périodique près de l’une de ses positions antérieures. Mais pour vérifier cette hypothèse, il conviendrait d’observer ses déplacements sur au moins un demi-cycle. On notera également que le Balrog est le mythique le plus éloigné du centre du Hall et occupe le territoire le plus restreint parmi les 4 mythiques, égal à 12x17 cavernes (OO/NM).

Fig. 4 : Déplacement du Balrog au cours du projet C-dO.

Le cas de la Liche est beaucoup plus effrayant. C’est de loin le mythique qui montre le déplacement le plus étendu avec une extension maximale O-O de 38 cavernes et N-M de 76 cavernes (Fig. 5). Aucune logique ne peut être tirée de son déplacement, si ce n’est qu’elle s’éloigne presque toujours plus de sa position d’origine. Elle reste toutefois pratiquement confinée au quadrant Mydikan-Oxhykan.

                Fig. 5 : Déplacement de la Liche au cours du projet C-dO.

Enfin, on notera que la Liche passe également 4 classes d’âge lors de la durée totale de 29 jours du projet C-dO (de Séculaire à Anté-diluvienne), le Beholder 3 classes d’âge (de Doyen à Mythique) et le Balrog 2 classes d’âge (de Favori à Majeur). L’hydre avait déjà atteint son âge maximum (Mythique) au début du projet (Tableau 4). Le vieillissement des mythiques n’est donc pas similaire, la Liche montrant le vieillissement le plus rapide.

                Tableau 4 : Passage de classes d'âges et ID des mythiques.

Conclusions

Nous fournissons ici une première évaluation de l’abondance de toutes les espèces de monstres du Hall mais nous devons rester prudents quand à l’application de cette distribution statistique au Hall d’aujourd’hui. Plusieurs biais dûs à des changements profonds de la biodiversité hallienne depuis le 5^ème cycle après Ragnarok sont susceptibles de rendre cette distribution caduque. Il apparaît que le monstre le plus répandu après le gowap est le gnu ce qu’on explique bien par l’exploitation de ces deux monstres par le Troll une fois apprivoisés. Le monstre le plus rare en-dehors des mythiques est la coccicruelle avec une abondance moyenne très proche des mythiques.

En ce qui concerne les mythiques, Balrog et Hydre occupent des territoires distincts tandis que les territoires de la Liche et du Beholder sont susceptibles de se recouper. Le territoire du Balrog est le plus restreint tandis que celui de la Liche est le plus étendu. Les déplacements du Balrog et de la Liche sont différents mais il est difficile de déterminer une « logique » dans leurs déplacements. En revanche, Beholder et Hydre semblent montrer des comportements similaires en « délimitant » un territoire avec des extensions maximales de déplacement respectivement privilégiées en N-M et en O-O.

Remerciements

A Toufik qui a gravé les 250 tablettes jusqu’au moignon de son bras droit.

A Boorhïn qui est resté paisiblement à observer le Hall sans bouger, les yeux exhorbités pendant un mois. (A quand C-dO II ?)

A Kryzanthèmes qui a popoté et mélangé en se faisant exploser de nombreuses fois pendant plusieurs mundideys avant le début de C-dO.

A Artaxerxès et à la 101^ème aérotrollportée qui, si je me rappelle bien, nous ont fourni à l’époque les services de téléportation (qu’est-ce que vous devenez les gars ?)

A toute la C-dO team de l’époque qui a exploité les résultats parce que c’est certainement le moment où on s’est le plus marré dans le Hall.

A notre nouvelle guilde Trigoniae Trollicarum qui m’a poussé à rédiger ce manuscrit. Longue vie à elle !

Enfin, à tous ceux qui sont parvenus ici jusqu’à la fin de ce manuscrit. Je tiens à vous prévenir : vous aussi vous êtes de grands malades…

Références

[1] Shogoki, 2005. Trollique expérimentale : du spawn des monstres. Archives du Hall, 61817, 1-4.

[2] C-dO Team, 2006. Apports du projet C-dO à la connaissance du milieu Hallien. Cyclotrollic Institute Editions, 15pp.

[3] Gronïk, 2006. La Crise des Crascacés : historique et conséquences. Archives du Hall, 68636: 1.

[4] Gronïk, 2005. Phylogénie streumologique des familles du Hall. Trollical Review Letters, physics series, 219: 1-4.

[5] Nemrod, 2006. Observations sur le déplacement du Balrog. In : C-dO Team, Apports du projet C-dO à la connaissance du milieu Hallien, pp. 12.