Le
froid. Le froid du sol dur de la caverne, le froid de l'air ambiant, le froid
de l'abandon et de la solitude. Un œil. Un œil cuivré,
un œil vitreux qui s'ouvre, un œil hagard qui prend conscience du plein et
du vide qui l'entoure.
De nombreux objets en
tout genre jonchent le sol couvert de toiles et d'excréments de chauve-souris.
Tout semble figé dans la tanière des Bourre-Reins. Tout empeste le vide, même
ses souvenirs. Les gestes sont mal
assurés mais le troll parvient à se remettre débout, péniblement. Un coup
d’œil, des appels sans réponse et la conclusion est faîte. Il est seul,
définitivement seul mais empli d'un sentiment de déjà-vu. Alors,
méticuleusement, il se met en quête d'indices dans le capharnaüm de l'unique
pièce. Quelques gravures mentionnent le glorieux passé de la guilde et leurs
hauts faits d'arme révèlent quelques noms de trolls fracassés. Les têtes des
mythiques, tous abattus par les Bourre-Reins, l'Hydre, le Balrog, le Beholder
et la Liche, trônent en belle place au-dessus de l’âtre ; les noms de leur
compagnons d'arme gravés sur le mur attenant.
Soigneusement, le troll
écrit quelques missives qui s’envolent avec leur porteuse, pleines d’espoir. Pourquoi est-il là ?
Pourquoi est-il revenu ? Pourquoi est-il seul, si seul ?
Alors, tranquillement,
il mit quelques bûches à flamber dans la cheminée, perça un fût, bu une rasade
et se mit à remettre la tanière en ordre, en attendant une réponse.
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