Dans le Hall, le danger vous guette à chaque pas. Il est là, tapis, patient, n'attendant qu'une seconde inattention pour vous attaquer par derrière.

Voici l'une de ses histoires. Une épopée pleine d'amitié, de larmes, de combats et de douleurs rectales.

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Dans la pénombre à peine effleuré par le halo du portail de téléportation, Peï finissait de repasser son armure. Cette dernière s'était encore froissée lors de sa sortie du passage magique. Comme à son habitude il lançait des regards mauvais à la cantonade railleuse, ruminant ses sombres pensées. Après tout, ce n'était pas sa faute si ses tunnels de lumière était trop petits, si le monde était trop petit. Et de toute façon, il n'était pas gros.

Un plop sonore vint l'extirper de tache comme une charge vient souffler un gobelin. Une masse informe venait d'apparaitre devant le portail et gisait maintenant, le pagne sur les épaules et les fesses à l'air. Elle gémissait.

Anubisss, dont l'origine du nom se perd dans les méandres des orgies du Hum, s'approcha de l'apparition d'un pas franc, mais par derrière, chacun ses petites habitudes. Il contempla la croupe d'un air connaisseur et n'écoutant que son bon cœur, lui tendit son aide.

« C'est vraiment pas ton jour tu sais ! » dit l'ancien grand maître de la Fertilité en enlevant son étui pénien.

« Bouhou... » lui répondit le tas sanglotant.

Au moment où le prêtre, maintenant défroqué, s'apprêtait à donner les délicieux sacrements, la main de Trollmenfou vint le couper dans son élan.

« Hola... il y aura de la prière pour tout le monde. Pas besoin de pousser ! » grogna Anubisss dont la foi turgescente lui montait jusqu'au menton.

« Heu... c'est Charlie. Le tas là, c'est Charlie ! » répondit Trollmenfou en désignant la masse de chair verte et sanglotante, sans trop la regarder pour ne pas se donner des idées.

« Et alors ? »

« On pourrait peut-être lui demander ce qu'il lui est arrivé non ? »

« On pourrait lui demander après non ? » proposa Anubisss avec espoir, ce qui provoqua une nouvelle poussée de sanglots de Charlie.

« NON ! » harangua Zulkaï sautant sur un rocher que la gentillesse du narrateur avait placé là. « IL A SUREMENT DES RECITS D'AVENTURES A NOUS CONTER. Des rêves de batailles au fond du hall, de missions suicides aveugles... » continua-t-il en mimant des combats homériques contre des ennemis invisibles. « L'aventure nous appelle mes amis. L'aventure nous appelle !! »

« Pour le moment, c'est pas l'aventure qui m'appelle moi ! » souffla Anubisss

« Comment on fait des missions suicides aveugles dans un monde où les morts ne sont pas définitives ? » pesta tout bas Peï « En plus on voit dans le noir »

« Écoutons le récit de son épopée mes amis. Charlie est l'un des nôtres ! Et puis, il y aura sûrement matière à élargir le cercle de nos ennemis » tenta Zulkaï dans une tentative improbable de galvaniser les troupes.

Un profond soupir de lassitude vint accompagner le silence.

« J'ai raté quelque chose ? » demanda naïvement Kristroll.

Et oui, dans le monde des trolls le silence ne se balade jamais très longtemps.

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« Quoi ? » la chorale de mugissements indignés rempli la caverne. Au loin, un gnu, que la mémoire collective ancestrale venait de prévenir du danger, se carapata, prenant bien soin de rester fesses au mur.

« Oui ! » répondit Charlie en se mouchant dans une peau de gritche.

« Comment ? » rugit encore la chorale. Sauf pour Peï qui n'appréciait pas vraiment que l'on salisse ses sous-vêtements, fussent-ils pour nettoyer le nez d'un ami.

« Et... il... a même dit... » commença le jeune Tom dont la voix pleine d'émotion venait se briser sur une grève de sanglot. « Il...a même... dit... »

« IL A DIT QUOI ? » tonna Zulkaï qui, ne trouvant pas de rocher, était monté sur Trollmenfou et pointait désormais au vent un doigt vengeur.

« IL A DIT... il a dit... qu'il en avait une plus grosse de nous tous réunit... bouhouhou... »

« COMMENT !!! » cracha Anubisss touché au cœur de sa foi. Son sang ne fit qu'un tour et lui monta à la tête jusqu'à l'aveugler. Il écarta son étui pénien et regarda le Tominet droit dans les yeux « COMMENT !!!! »

« Il faut lui prouver qu'il a tort » tonna Zulkaï dont seuls les centimètres enfoncés dans son adversaire par une bonne lame d'acier comptaient. « Prouvons lui qu'il a tort ! »

« Peut-être qu'il a pas tort » ronchonna Peï en récupérant son slip aussi délicatement que possible pour ne pas laisser de pointes dans la face ensanglanté de Charlie. Cela aurait été dommage d'endommager son dernier slip propre.

« OUAI !! Prouvons lui qu'il à tort !! » Tonna Trollmenfou

« Mais il a tort ! » s'emporta Anubisss

« On va faire un plan pour lui prouver qu'il a tort ! » Renchérit Zulkaï

« Snifff... » rajouta Charlie

« On est tous mort » bougonna Peï

Zulkaï sauta alors sur un mur de pierre que la force de la narration avait déposé, sans même une goutte de sueur.

« Comme un Troll » entonna le skrim d'une voix de basse « soit plus violent que le cour du temps. Comme un troll, soit plus puissant que les ouragans. Allez ! »

« Comme un troll » chantèrent sans conviction ses compagnons

« Soit plus ardent que le feu des volcans ! Secret comme les nuits de l'Orykhan ! Les jours passent et les trollettes ne sont plus très loin. Suivez moi et vous prierez le Hum... demain ! »

« Comme un troll » brailla la troupe

« Houai... comme un troll !!! » s'emporta Zulkaï en portant ses mains au plafond. Un peu de poussière en tomba. Le Hall n'étant pas parfois propice au mise en scène héroïque.

« Comme un Troll ! » Hurla Charlie.

« Comme un troll ! » rugie toute la troupe.

« Pei... » demanda Zulkaï d'une voix lasse.

« Oui ? » répondit le Durakuir légèrement mal à l'aise.

« Lâche tout de suite ce pot de crème solaire ! »

« J'ai raté quelque chose ? » demanda naïvement KrisKroll.

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Dans le Hall, les créatures trop petites pour produire de lyxpey, denrée prisé des trolls, s'arrêtèrent pour voir l'étrange spectacle. Non pas qu'elles n'avaient pas l'habitude de voir de scènes loufoques ou burlesques dans les profondeurs, mais quand sa vie peut s'arrêter d'un coup de talon aussi malheureux qu'inopiné, on apprend à profiter des petits plaisirs qui passent.

Pour le moment, le plaisir était celui d'Anubisss, encore sous le coup d'un aveuglement propre à sa race.

« Ho oui... encore un peu dans le dos ! » ronronna-t-il pendant que Peï et Charlie l'enduisait d'une matière aussi étrange que luisante.

« Etalez bien partout surtout... » commença Zulkai

« Oui oui partout ! » le coupa Anubisss

« … Avec ça notre plan va glisser comme... comme un truc qui glisse super bien et qui fait super plaisir ! » il se retourna vers Peï et avant même que celui-ci n'est le temps d'ouvrir la bouche « On a dit pas la famille. Le plan va glisser comme un truc qui glisse super bien et puis c'est tout ! Et n'oubliez pas le parfum. »

En réponse, le durakuir ronchonna comme à son habitude.

De l'autre côté de la caverne, Krisskroll et Trollmenfou suivaient le plan à la lettre. Les murs se couvraient de calculs savants, avec au moins 1 chiffre avant la virgule, sous les lancés de craies du Tom. Sa technique très particulière rendait la compréhension des coordonnés assez difficile, mais depuis toujours Krisskroll avait le corps à corps en horreur l'adversaire fut-il un tableau noir.

Trollmenfou lui aussi s'activait. Il avait un peu de mal à savoir à quoi servirait les draps de cuir propres et le calvok chaud, mais il tannait, ou plutôt tatanait tous ce qui passait à sa portée.

« Bon répétition du plan ! Anubisss en premier. Dès qu'il a accroché la cible, on y va tous ! Des questions ? » Tonna Zul, toujours sur son mur.

« Oui... c'est quoi la suite du plan ? » demanda Charlie d'une voix lointaine. Son esprit semblait accaparé par des taches bien loin de celle du Hall.

« La suite... et bien... heu... on va commencer par un 112, puis un 48 et pour finir la technique de la mère Michu ! Hein... c'est pas un bon plan ça ? »

« Quelqu'un à compris quelque chose » souffla Trollmenfou

« Oui... on va tous mourir » répondit Peï à voix basse

« On a qu'a faire comme d'habitude ! » proposa Anubisss sur le ton de la confidence

« On fait quoi d'habitude ! » demanda à mi-voix Charlie

Charlie n'eut pas le temps d'entendre la réponse. Zulkaï lui fourra les draps de cuir propre et le calvok chaud dans les mains. D'autorité, il attrapa la robe de bal de Peï dans son sac et sans écouter les rodomontades du durakuir l'enfila prestement sur Anubisss. Il agrippa ensuite le bras du skrim et le poussa sans ménagement dans le portail que venait d'ouvrir Krisskroll. Anubisss disparu ne laissant derrière lui qu'un écho de vaines protestations.

« Maintenant, il suffit d'attendre ! » dit un Zulkaï au ton martial.

« J'ai comme l'impression d'avoir raté quelque chose ! » se demanda Krisskroll en examinant son mur de calcul.

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Anubisss se frotta le front et ramassa la chauve souris qui venait de le cogner. Un message aussi long que pédagogique était écrit sur les ailes de la pauvre bête. « Bouge ton croupion feignasse ! »

Le skrim, gêné, regarda à droite puis à gauche, puis à droite et encore à gauche. Il se retourna, héla, scruta le plafond et proposa même des frites de gowap gratuites. Quand il fut bien sûr qu'aucun troll de sa connaissance ne le voyait... Anubisss commença à se dandiner sur place, sortie un éventail et imita le chant d'amour de l'Alpha anoploure purpurin [achevé].

Au loin, dans les ombres, un brame guttural lui répondit. Inexplicablement, le skrim sentit son derrière prendre beaucoup moins de place dans sa robe.

Zulkaï n'eut pas besoin de lire la chauve-souris voletant vers lui. Le cri qui résonnait dans le Hall était plus que suffisant.

« « Je ne suis pas le troll que vous croyait »... C'est le code ! Allons-y ! » ordonna le Skrim en poussant ses compagnons à travers le portail, et en forçant pour y faire entrer Peï. « COMME UN TROLL !!! » hurla-t-il en déboulant de l'autre côté les armes à la main prêt à cogner... enfin près... façon de parler

« Je savais bien que j'avais raté quelque chose. » constata calmement Krisskroll. Au loin, très loin, une bête immensément énorme et au charme inversement proportionnel, dansait le tango à 3 jambes avec une charmante trollette. Un esprit sympathique, et sûrement espiègle, avait même pensé à installer une boule disco. Cette dernière illuminait les danseurs de 1000 feux. 1001 si l'on comptait celui des fesses de la trollette.

« Allez les gars !!! Faut allez aider Anubisss ! » rugit Zulkaï

« 'ici on a pas trop l'impression qu'il ait besoin d'aide non ? » grommela Peï.

« ON ARRIVE Anubisss ! » Hurla Trollmenfou

« Dépêchez-vous... sinon je n'aurais jamais aussi bien portait mon nom !!! » la réponse lointaine leur arriva comme un filet de voix. Aussi épais qu'un Behemoth que l'on cherche à passer sous une porte.

Au pas de charge, toute la troupe alla se mettre en position. A l'exception de Charlie, tant il était empêtré dans ses draps de cuir propre et son calvok chaud.

Enfin à portée, les trolls purent profiter de la musique douce. Un slow langoureux s'étirait depuis une alcôve. Si quelqu'un avait été y regarder, il aurait découvert un petit bar à mojito où un barman essuyait quelques verres au son d'un juke-box hors-d'âge. Sur la paillasse en bambou le nom de la gargotte s'étalait « Mains du Destin ».

Alors que le dernier slow s'engageait, l'Alpha se fit plus pressant. De partout d'ailleurs. Ses papates se firent plus baladeuses et descendirent aussi bas que le moral d'Anubisss. Même si la vaseline empêchait pour le moment tout problème, le moment était critique.

L'échec aussi d'ailleurs.

« Ha... j'ai raté quelque chose ! » constata Krisskroll, sa main encore fumante du sort ayant fait long feu.

« Tu as attaqué trop tôt Krisskroll ! » le sermonna Zul « Sors lui le grand jeu Anubisss »

L'ancien grand prêtre lui renvoya un regard éloquent, mais n'écoutant que son instinct de survie, déballa tout ce qu'il avait (nla : métaphoriquement s'entend)

« T'as une belle chitine tu sais ? Tu massacre chez tes parents ? »

Totalement hypnotisé, l'Alpha se pencha vers Anubisss pour l'embrasser. Ce dernier réussi à se dérober à la dernière seconde et colla dans le dos de la bête une jolie cible colorée.

La suite chers amis n'est qu'une scène de barbarie sanglante, assez commune dans le Hall. Les détails sont les mêmes que dans semblables combat. Ce ne fut que taillage, étripage, décalage et ratage.

Au final, les « Un grand coup dans ton Hum » ont prouvés que c'est eux qui avait la plus grosse et c'est bien cela le plus important.

Cette épopée est dédiée à la toute nouvelle trollinette de Charlie (attention aux enquêteurs on frise le multi) et à tout ceux qui en avait une plus petit que l'Alpha.