Voilà que je me déplaçais en profondeur moyenne. Mon tarin avait flairé un gisement d'obsidienne pas loin. Les naseaux focalisés sur la tâche, je voyais négligemment au loin 2 trolls un peu plus jeunes. Ces derniers étaient accoutrés dans de ridicules costumes de monstres et je n'y prêtais pas attention, pensant qu'il s'agissait d'une sorte de parade nuptiale, et je me réjouissais plutôt de pouvoir bientôt planter mon piochon dans un mur d'obsidienne ! Et voilà que tout-à-coup, l'un des comparses arrivent en courant dans ma caverne et, sans même une salutation, me jette un chewing-gum géant dans les basques, à moins que ce ne fut sa production de crottes de nez de l'année. Embourbé dans son machin nauséabond, je comprends qu'il veut en découdre. Pas de souci, je ne suis pas contre un peu d'amitié virile et je le salue en lui demandant s'il s'agit d'un défi, ou d'un "truc à trois" avec son collègue. Et là, Vouivre machin-chose me dit que je suis un vilain tueur de monstres. Englué dans sa morvelle, je me dis que j'ai choppé le jackpot, un de ces hystériques transmonstres. Ce que ne disait pas le gazier, c'est que lui même avait déjà dézingué 44 monstres au cours de son existence sordide (j'ai vérifié sur 3615 palmarès) ; mais je suppose que comme tout bon conseil, celui-ci aussi ne s'applique qu'aux autres ! Ni une ni deux, je lui balance des potions qui le rendent tremblant comme un gobelin, et lui envoie ma meilleure rafale. Mais il y a un dieu même pour les salauds, et une force mystérieuse me bloque les neurones ! Entre-temps, son pote l'Hydre machin-chouette tombe dans un puits et se fait tuer par un essaim cratérien (je pouvais entendre ses chouinements de bébé remonter par l'ouverture). Je me dis que je suis vraiment tombé sur une paire de branquignoles. Mais là, tout se bouscule, et il arrive tout un lot de gros machins qui étaient déjà vieux quand je suis né, bardés de métal et de cicatrices, et je comprends pourquoi les 2 autres ont eu une vie si longue malgré leurs tares : ils ont simplement des grosses nounous pour les couver. Là, je me dis que ça pue grave. Un Kastar et un Tom, au sommet de leur gloire, avec un Skrim aussi diplômé qui, lui, ne sait pas trop s'il a envie ou non de venir. Et on s'observe, le Tom reluque mon derch' pendant un moment, me jauge, et on se regarde dans le blanc des yeux. Et ça dure. Des secondes, des minutes. Je réfléchis à ce que je peux faire : - j'abats le vétéran kastar, je tue la Vouivre avec une contre-attaque, puis je charge le vétéran Tom. Je laisse ensuite fuir le vétéran Skrim, magnanime.
- je fuis avec mon mètre cube de chewing-gum au cul, tel un escargot desséché, en encaissant les coups de haches dans le dos.
Et on s'observe... Le plan 1 me plaît bien, mais je ne suis pas trop sûr d'y arriver, il faudrait une quinzaine de trolls comme moi pour avoir une chance. Le plan 2, mourir avec un plein râtelier d'armes dans le dos ne me plaît pas trop. Et on se regarde. Je crois que je pique du nez à un moment. Puis le kastar lance le bal, il m'envoie un bourre-pif que j'encaisse dans la boubouche, puis un second qui me déplace 7 vertèbres et me perfore 3 estomacs. Alors je saisis aussitôt ma seule porte de sortie. Je prends mon courage à 2 mains, récupère mes 2 potions les plus instables et fais un joli mélange qui me fait péter la tronche. Puis, du bout des doigts, je choppe mon meilleur millésime de toxine et l'avale d'une traite. Me tueront pas vivant ces cons !
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