Depuis un mundidey, de Sombres pélerins avaient afflués vers les ruines d'un temple de noirceur et de débris. Silencieux, ils avaient déblayé les lieux en grinçant des dents au souvenir du sacrifice qu'avait consenti l'ancien proprétaire de ces lieux.

Puis les Sombres Bâtisseurs avaient commencé leur sombre travail. Comme mus par une sombre flamme, leur inspiration visionnaire prenait forme dans la pierre et le tintement du métal sur le métal. Et au fur et à mesure que s'élevaient du basalte les formes d'effroyables colosses, lentement les trõlls qui s'étaient réunis au Temple de Noirceur prenaient la mesure du rituel qu'ils allaient y mener.

Un à un, leur impatience disparaissait au profit d'une profonde révélation. Un accomplissement, l'apothéose d'un engagement qui fut signé il y a bien des ragnaroks entre un Dieu et ceux qui avaient suivi Ses enseignements, et qui fut consenti à nouveau il y a trois cycles avec la libération de ce Dieu nommé Lihã.

...

Enfermé en une prison de glace par des frêres jaloux, Lihã avait alors entendu la prière de ceux qui allaient devenir Ses Sicaires. Leur foi avait été telle qu'Il avait jugé qu'il était temps pour lui de se libérer. Quêtes, révélations, courses-poursuite et batailles s'étaient succédées pour aboutir à la destruction de la prison construite par le Dieu du Glacier au prix de son propre sacrifice.

A sa libération Lihã avait rejoint Ceux de Ses frêres et soeur, sublimé, dans les Cieux. Il avait laissé à ceux qui L'avaient libéré deux secrets. Le premier de ces secrets fut de renouer le pacte des Trõlls Noirs avec les Sicaires. Il leur donnerait la sapience insondable que seul un Dieu peut connaître en échange de leur âme et de la promesse de faire du Hall le domaine du Sombre Lihã. Le second de ces secrets concernait celui par laquelle cette sapience leur serait transmise. Les Yeux, seul survivant des Trõlls Noirs originels primordiaux, les Yeux les accompagneraient dans leur mission. Cachés dans l'ombre ils se feraient oublier du Hall pour ne pas inquiéter le Hall, mais Les Yeux leur livreraient la clef de chacun des mysteres qui permettrait de faire revenir le Sombre.

Ainsi la Sombre Alliance fut elle capable de pervertir le rituel d'incarnation du Gros Worksh'oop. Ainsi travailla t'elle au sacre des Arcanes en chacun des temples. Ainsi récupera t'elle le Calice de l'Archange du Sang, et ainsi révéla t'elle le Grand Trou Noir. Et ainsi assista t'elle au tour de passe passe des Yeux dont la conclusion allait se jouer aujourd'hui. Toutes les pièces avaient été aportées à l'édifice d'un plan d'une malice inconnue même de ses protagonistes.

...

Tel est l'état de la reflexion de chacun des Trõlls réunis aujourd'hui au Temple de Noirceur. Ils s'abandonnent à la magie du Hall et d'un destin. Un destin bâti il y a bien des ragnaroks par le Sombre Lihã lui-même, et qui se concluera par la Sombre Alliance bientôt.

Car aujourd'hui le Consilium Nostrae sort de l'Ombre et annonce Ses voeux au Hall. Aujourd'hui l'héritage des Trõlls Noirs peut revivre. La mort des Yeux n'étaient qu'une manigance. Le Grand Trou Noir est révélé.

Un Trõll vieux et rabougri se tient courbé sur un banc de marbre gris. Au dessus de lui le colosse des Griffes, le Trõll Noir maudit par le Sombre lui même. Il se lève lentement et écarte les pans de son manteau de noirceur d'un geste magistral. Ses yeux brillent du magma de la haine et ses mains effilées étreignent d'un geste l'assembée. Mais c'est devant sa voix, un tonnerre de mots, que tous restent figés.

Mes Frêres, aujourd'hui, à l'heure venue d'un Sombre Réveil, nous voici réunis pour renouer le pacte que le Seigneur noua avec les Trõlls Noirs !

Sombre Sire nous te serviront aveuglément. Car tu es la Gloire et tu es la Noirceur.

Nous nous tenons devant toi et réitérons l'engagement pris par nos ancètres. Sombre Sire, que vienne ton rêgne et reprend possession de ce Hall qui est tien.

Maintenant, l'heure de vérité. Maintenant l'âge de la Guerre ou de la Soumission ! Maintenant la ruine et le désespoir avant la Révélation !

... Sombre Sire, fais donc de nous les emmissaires de ton pouvoir et de ton rêgne.

Le vieux troll sentit la magie du hall vaciller. Non pas comme une attaque crasc, mais plutot comme.... Comme quoi d'ailleur ?

Il avait déjà senti ça une fois, il s'en souvenait, mais où ?

Reivax fit travailler rapidement sa mémoire fatiguée. Quand est-ce qu'il avait bien pu... Non ! Il se souvenait ! A l'époque il n'était qu'un petit trollinet mais... Il se souvenait de la force tournoyante de la magie du hall lors de la bataille contre les armées du sombre, du temple dans les profondeurs du hall... Impossible ! La magie du sombre était à l'oeuvre, la noirceur dans la magie du hall laissait deviner que de très très puissants sortilèges étaient à l'oeuvre. L'heure allait certainement bientôt être à se défendre... ou attaquer.

Ouvrant les yeux suivant un long, très long sommeil, je découvris devant moi l'image
de mes frères et soeurs devant les restes du Temple bâtit depuis bien longtemps.
Temps précédant ce long sommeil.

M'approchant des ruines, mon coeur cria et notre prière me revint. Prière qui fut perdue
au cours du temps et pourtant qui revient d'elle-même aujourd'hui.

Le Sombre est notre Dieu et seul Lui a regard sur nos choix.

Que le Sombre guide ma haine et ma faim sur ses ennemis

Cette phrase fut suivie d'un souffle provenant de ces images sculptées et reprenant en coeur :

        Gloire à Liha

Que le Sombre me montre quelle est sa volonté pour qu'ainsi soit fait

        Gloire à Liha

Que le Sombre soit servi par mes frères et mes soeurs comme par moi-même pour ce cycle et les prochains jusqu'à la fin du Hall

        Gloire à Liha

Que le Sombre porte ma Foi à son paroxysme et la fasse brûler pour l'éternité

        Gloire à Liha

Que le Sombre sacrifice commence et que mon sang coule en ce lieu pour lui

        Que la Furie se réveille et que le Hall entende avec Peur son retour

Alors qu'il prenait à nouveau pieds dans les profondeurs de cette Terre, il porta sa main gauche à sa gorge et se remémora ses derniers instants vécus dans le Hall...
« Sõn bràs s'élàncé, trànspércé là gõrgé dû trõll nõïr, qûï s'éffõndré léntémént, lés tràïts fïgés pàr là sûrprïsé. »

Il se mit alors à grogner...
Grrrõmpf !

Il se saisit de son énorme faux dont la lame fut taillée dans un croc d'un Grand-Ver-Qui-Dort et commenca à marteler le sol à l'aide de sa hampe, aux rythmes de ses paroles.

Enfïn dé rétõûr ïcï bàs àûx cõtés dé més Frêrés et Sõéûrs
Põur té sérvïr, La Fàûx dés Màssàcrés én màïns
Õ Sïré !

Dés flõts dé sàng sé dévêrsérõnt dàns tõûs lés nïvéàûx dû Hàll.
Dé la sûrfàcé jûsqu'àûx prõfõndéûrs àb°y°ssàlés, tés énnémïs sé férõnt étrïpér.
Là Trõllïté àppréndrà cé qû'êst là Dõûléûr, là Hàïné ét lé Càrnàgé
Aïnsï là Têrré dés Trõlls sûbïrà tõn cõûrõûx pàr nõs màïns
Jûsqû'à cé qué tû dàïgnés déscéndré sûr tõn Rõ°y°àûmé.

Puis levamt son arme à bout de bras vers la voute caverneuse...

Qûé Lés Sàcrïfïcés Cõmméncént ét qûé débûté Là Gûérré Étérnêllé !!!

Glõïré à Lïhã !!!

Avec ta prière il te semble reprendre consistance. Mais pendant un instant, un instant fugace, tu as senti sa présence. Comme un voile qui se levait et devant tes yeux apeurés une scène d'un autre âge prenait forme : les Griffes sur le point de sacrifier ton frêre. Tu sens sa présence alors qu'un oeil dont la détermination est mue par la honte et la peine se penche sur le Hall ... Ce sont elles ! Les Griffes !

Un instant il t'a semblé que l'équilibre pourrait bien se rompre.

Darenatöss, complètement apeurés par ces visions venues d'un autre temps commençait à s'inquiéter ...

Que faire ... que faire ?! me laisser guider par mon esprit ... Oui c'est ça, lui faire confiance .. le laisser me transf...

Comment ?! cette vison signiferait-elle que Les Grïffés sont réellement revenues ?! Non cela ne se peut ...

Darenatöss se mit à genou, posa les deux mains au sol ... marmonna quelque chose, puis étirant sa tête vers le plafond de la caverne, il ouvrit ses yeux et deux étranges lueurs apparurent ... puis se transformèrent en une sorte de brume ... de brouillard !! Tout son être se volatilisa soudainement sous cet épais brouillard ...

Père ... Père ?! Je dois vous rejoindre ... La punition que vous avez reçu de Lihã il y a de cela de nombreux Mundidey n'a pas été accomplie jusqu'au bout puisque mon frère et moi sommes toujours en vie ... et elle n'aura pas lieu ... dusses-je s'il le faut vous raisonner !!

Je suis prêt à vous suivre ... quels sont vos ordres ?!

J’avais parlé par lui, ce corps je l’avais choisi.
Cette union, fruit de notre Lord, n'est certainement pas irréfléchie.
Mais le fait de parler ne consacrera pas cette union.
Le geste doit joindre la parole et là nous serons unis.

Je quitte le banc toujours protégé par cette représentation
Ô combien fidèle à sa forme originelle.
Je prends la direction du Sombre Brasier où l'office sera rendu.
J'avance, mais pas seul, ivre de ce partage qui m'est offert.

Mes frères et soeurs qui me regardent,
Là sera notre Force et Là nous irons.
Il nous invite à Lui faire admirer notre Foi si forte
Que son souhait soit le notre.

J'arrive au Sombre Brasier et déjà le Sombre Bourreau plante
sa première estocade. Mais la douleur n'est pas.
Je sens le sang couler le long de la lame qui m'a transpercé,
je le vis, je le suis, ce sang qui tombe sur la Sombre Flamme.

La Sombre Flamme aime ce nectar est c'est le sang de ce corps
que je rejoins. L'union se sacre en ce moment et
personne ne pourra l'arrêter. Nos êtres fusionnent et nous
ne serons dès ce jour plus qu'un.

Sa main sera la Mienne.
Sa tête sera la Mienne.
Son coeur sera le Mien.

Et pour Le servir nous voici unit.

Un des Sombres Boureaux sacrifia la Furie sur ces derniers mots.

Le troll coinça son arme entre les pieds du Colosse de Lé Càrnàge et s'empalla dessus afin de sceller le lien qui les unissait. Son sang giclant sur l'immense statue, il se releva en soutenant l'atroce douleur qui l'étreignait puis se dirigea vers le Brazier des Sacrifices, tenant la garde de sa lame en Mithril coincée entre ses côtes. Il vit alors les bourreaux mettre à genoux son frère, Les Griffes, pour faire leur office...

Mõn Frèré, nõûs àllõns mõûrïr énsémblé...

Poussant sur ses appuis, il se jeta sur son frère, l'embrochant avec lui sur la longue lame de Mithril.

Võïlà mõn Frèré, c'ést fàït !
J'éspéré ké tû n'às pàs sõûffért... énfïn pàs trõp.

Il se tourna alors vers les Bourreaux en les regardant d'un oeuil torve... du sang coulant abondement de sa profonde bléssure.

Màïnténànt c'ést à mõn tõûr. Fàïtés çà bïén ét ké çà gïclé, héïn !!

Un impact lui écrasa violement le crâne puis une puissante machoire lui déchiqueta la nuque, puis ce fut le voile noir. Les corps de deux frères basculèrent alors dans le Brazier...